“Charlie et le champignon” de Julieta Cánepa et Pierre Ducrozet, illustré par Amélie Patin
Charlie a déjà passé douze années sur la planète et à la pensée d’une 6e extinction du vivant, c’est tout son corps qui se fait tremblement de terre. L’amour et l’émerveillement que Charlie ressent pour le vivant sont très puissants. C’est parmi les abeilles, les oiseaux et les arbres qu’elle se sent chez elle. Ce matin, Charlie a lu que « toutes les 20 minutes, une espèce disparaît ». Alors toutes les vingt minutes, Charlie se dépeuple un peu plus. Ce matin, Charlie ne parvient pas à respirer. Charlie bout, elle va exploser. Elle veut s’enfuir, disparaître. Charlie se réfugie dans les bras-racines d’un charme pleureur du Jardin des Plantes de la ville de Paris.
La tempête d’émotions liée à la destruction des êtres de la terre provoque en elle une étrange transformation. Elle devient minuscule et atteint la grandeur d’une fourmi. Guidée par la voix d’un cèpe, Charlie pénètre au cœur de la terre et s’initie à la vie du sol et de ses habitants. Elle découvre l’étrange art du mycélium qui permet de prendre deux chemins en même temps et de se trouver en plusieurs endroits à la fois. Renseignée par un ver de terre sur les vertus de l’entraide, elle comprend qu’elle aussi peut aider le petit peuple souterrain en éloignant une limace à l’aide d’un dessin d’oiseau. Une amitié forte se noue alors entre elle et le cèpe qui lui ouvrira la porte secrète de son monde. Le mystère qui s’y trouve se chante ainsi : « tous les éléments de la forêt se parlent et interagissent », tout est connecté, tout participe à symphonie de la vie.
Charlie revient complètement métamorphosée de son séjour dans les mondes souterrains. Elle respire et ne souhaite plus disparaître de la surface de la terre. Si elle retrouve sa taille normale, celle d’une poussière d’étoile, elle est augmentée de ce précieux trésor. Oui, elle a grandi en sagesse, car désormais elle est habitée par la joyeuse force d’appartenir à la toile du vivant. C’est cette force et ce bonheur qu’elle nous communique.
Le conte « Charlie et le champignon » de Julieta Cánepa et Pierre Ducrozet, illustré par Amélie Patin est riche comme un sol vivant. Ce magnifique petit livre nourrira en poésie, en aventure, en informations scientifiques et en vibrations colorées celles et ceux qui s’y aventurent. Aussi, il nous parle des émotions que l’on peut ressentir au contact de la destruction des habitants de la planète : colère, tristesse, impuissance. Mais dans ce récit, l’empathie avec les êtres malmenés par les activités humaines permet de mieux rencontrer leur monde. Épouser leur taille, partager leur manière de vivre, penser à hauteur des vers de terre, se lier d’amitié avec un champignon, attisent l’enchantement, l’émerveillement et le sentiment de partager la terre avec d’autres êtres ! Magie du récit … la perception s’en trouve agrandie, dotée de mille vues supplémentaires, celles de ceux qu’on ne voit pas et qui pourtant rendent la vie possible sur terre.
Quelques pistes de réflexions pour un atelier philo
- Quelles peuvent être les émotions liées à la destruction du vivant, à la 6e extinction, aux changements climatiques ?
- Faut-il accueillir ces émotions ou se protéger d’elles ?
- Comment ces émotions peuvent-elles nous donner du souffle et de la force pour habiter la Terre de façon plus respectueuse des autres manières de vivre ?
- Pourquoi le sentiment d’« appartenir au monde » peut-il apporter le bonheur ?
CÁNEPA, Julieta, DUCROZET, Pierre et PATIN, Amélie (ill.). Charlie et le champignon. Paris : Muséum national d’histoire naturelle, 2021. (Coll. Les contes du Muséum). 61 p.
Dès 9 ans.
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