Demain la forêt
Mimpie vit dans une réserve d’éléphant. Un minuscule espace au regard de l’Ancienne majestueuse forêt tropicale où il y avait de la nourriture en abondance. Qu’est-il arrivé à la forêt ? Les mâchoires d’acier des humains ont détruit les arbres. Des routes en béton ont été construites et des monocultures de palmiers ont été plantées pour produire de l’huile de palme. Lorsque Mimpie comprend que suite à ce méfait, elle et sa famille sont séparées des autres membres de sa tribu et que toute tentative de les rejoindre les exposerait à des dangers mortels, la tristesse et la colère lui montent au corps.
Ces émotions écologiques qui la traversent ne la conduiront pas à la paralysie et à l’inaction. Bien au contraire, elles attiseront le désir de faire renaître la forêt et de changer cette situation néfaste. En Mimpie germe la lumineuse idée de planter des graines pour favoriser le retour du royaume sylvestre.
Mais elle se rend vite compte que toute seule elle ne parviendra pas à créer un corridor tropical qui permettrait de rejoindre le reste de sa tribu. Alors elle lance un chant à la forêt :
« Écoutez-moi, s’il vous plaît ! Plantons une petite graine, peut-être pourrons-nous faire pousser un chemin forestier. Plantons un peu de graines et nous serons libérés ! »
Les peuples de la forêt lui répondent. Ensemble, ils vont lutter contre la destruction de leur habitat. Ainsi, s’organise la résistance. Chacun mettra ses talents au service de ce projet de réensauvagement du vivant.
Même les éléphants qui doutaient de la bonne idée de Mimpie – du fait qu’il connaisse trop bien la dimension destructrice des humains – finissent par mettre la trompe à la pâte. Un corridor forestier se met à naître et l’assemblée des éléphants peut enfin avoir lieu. Étonnamment, les humains ne feront pas outrage à cet ouvrage. Oui, peut-être ont-ils enfin compris que la terre ne leur appartient pas, qu’ils y sont hébergés au même titre que bien d’autres !
En fin d’album, une double page explique très clairement le rôle que jouent les forêts tropicales au sein de la planète, ainsi que les conséquences de la déforestation.
“Cet album jeunesse a été exploré en atelier philo avec des enfants de première, deuxième et troisième primaires. Il a permis d’emprunter plusieurs sentiers de réflexions écophilosophiques :
- Émotions :
Face aux destructions de la forêt et à la séparation de sa famille, Mimpie passe par toute une série d’émotions. Est-ce que ces émotions génèrent de l’inaction ou de l’action ?
Que ressentez-vous à la lecture de cet album ? Quelles sont vos émotions face aux destructions de la maison de Mimpie et plus largement face aux blessures faites à la Terre ? Est-ce que ces émotions vous paralysent ou vous donnent plutôt l’envie de changer les choses ?
- Solidarité et entraide :
Usuellement, l’expression « loi de la jungle » signifie « chacun pour soi », « loi du plus fort ».
Ce qui ressort à la lecture de l’album Demain, la forêt, c’est qu’il y a une autre loi de la jungle. Laquelle ?
Que pensez-vous de cette “autre loi de jungle” qui est celle de la solidarité et de l’entraide ?
Une société, un ensemble de petits êtres (la classe, par exemple), fonctionne-t-il mieux si on est dans l’entraide ou la compétition ?
- Relations humains/natures :
Dans cet album, on constate que le rapport des humains à la nature est destructeur. En Indonésie, à Bornéo, dans une autre région, il existe des peuples qui tentent de vivre en bonne entente avec les non-humains. Croyez-vous qu’il soit possible de vivre de manière plus harmonieuse avec la nature ? Quelles seraient vos pistes de réflexion ?
À la suite de la lecture et de la réflexion écophilosophique, un exercice théâtral et ludique de décentrement de la perception a pris place dans la classe. Celui-ci a consisté à sortir de sa peau humaine pour s’exprimer au nom d’une espèce et faire valoir nos préoccupations pour celle-ci. Cet exercice est issu du Conseil des êtres que l’on retrouve dans Écopsychologie, pratique et rituels pour la terre de Joanna Macy et Molly Young Brown.
Rosie Eve. Demain la forêt, Paris, Saltimbanque éditions, 2020.
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